Notre séjour dans une Datcha
À une quarantaine de kilomètres de la capitale du Bélarus, Minsk, nous avons eu l’honneur d’être invités dans une datcha. Chaque famille ou presque en possède une plus ou moins sommaire. Y séjourner est un honneur qui ne se refuse pas ! On a ou y découvrir les us, les coutumes et la gastronomie du Bélarus …
Quelle est la définition d’une “datcha” ?
La Biélorussie ! Voilà une destination comme on les aime, hors des sentiers battus ! On doit dire qu’au fil de notre road trip de presque 1000 km à travers le pays, les petites maisons de campagne souvent perdus au milieu de la nature ou dans des hameaux typiques aiguisaient notre curiosité et notre imagination. En quelque mot, pour nous, la “Datcha” est à la Russie, ou la Biélorussie dans le cas présent, ce que la baguette est à la France… Il allait donc de soi qu’on ne pouvait prétendre connaître la dernière dictature d’Europe dans sa globalité, sans être immergés dans cet objet de culture populaire. Alors que nous avions fait une location dans l’une de ces maisons typiques, mais au confort haut-standing, durant notre séjour vers la Forêt de Białowieża, nous voulions vraiment percer le mystère de maisons disons, plus rustiques.
Ce n’est pas chose facile ! Entrer dans une datcha c’est un peu comme entrer dans l’intimité des gens.Et la barrière de la langue est un frein pour nouer des amitiés avec les habitants du pays (Il faut vraiment qu’on se mette à l’apprentissage d’une langue slave !).
Un héritage d'ex-URSS
Datcha » en langue russe, signifie d’ailleurs « donner ». A l’époque de l’URSS, le pays produisait des légumes en quantités abondantes, mais toute la production était destinée à l’union soviétique, ce qui finit par conduire à la famine de la population. Pour compenser la pénurie, les dirigeants d’URSS ont décidé d’attribuer à chacun un lopin de terre où cultiver ses propres légumes. Avec le temps, les habitants se sont mis a y construire de petites maisons. Aujourd’hui, par extension du sens commun, toutes les maisons de campagnes sont devenues des “datchas”. Même les personnalités politiques en possèdent, mais beaucoup plus luxueuses…
Des petites routes en camping-car !
Alors que nous pensions ne pas connaître cette chance lors de ce voyage, nous avons eu le bonheur de faire la connaissance de Yulia, lors de notre séjour à Minsk, une habitante parlant un français parfait. Nous avions très vite sympathisé et c’est elle qui nous avait lancé une invitation dans la datcha de sa belle famile, située dans la banlieue de Minsk. Pour nous c’était un honneur qui ne pouvait se refuser ! On y est venu par des chemins de graviers tracés, à peine carrossable… Une sacré aventure ! Au bout de quelques kilomètres, nous avons fini par arriver à “Zaria 1990”, une communauté qui abrite une centaine de Datcha, le tout encerclé de barbelés et d’un portail béant qui rouille au fil des années et des longs et rudes hiver !
Quel est le prix d’une datcha ?
Aujourd’hui, les terrains ne sont plus donnés par l’État comme par le passé, même si le pays a conservé beaucoup de similitude avec le passé soviétique, comme nous l’avions montré dans nos différents articles. On peut acheter une datcha n’importe où. Cela dépend de ses moyens – En fonction de la taille, de la situation un terrain peut coûter de 1000 à 8000 euros ! Il est courant pour des raisons économiques de se regrouper pour s’organiser en communauté, comme où nous nous trouvons. Les » datchakis ont un concierge, une sorte de coopérative pour organiser la communauté, par exemple, pour payer l’électricité, organiser le réseau d’eau…
En ce moment, c’est l’été ! Il fait une chaleur écrasante, mais l’air de la campagne aide à supporter cette fournaise. Les jeunes qui travaillent dans la capitale ont rejoint les datchas pour le week-end. C’est pour cela qu’il y a du monde. Sinon, seuls les retraités vivent ici. Très peu pendant l’hiver. Nous faisons la connaissance d’Uladzimir, le compagnon de Yulia et de sa maman puis allons fair elle tour des parcelle. Les gens nous toisent avec curiosité ou nous adressent des sourires pudiques. Pas particulièrement loquaces, les » datchakis « n’en sont pas pour autant désagréables. Disons qu’ils se côtoient de manière cordiale : « Quand on vient ici c’est pour être en famille, entre amis, pour se reposer. Ce n’est pas comme en Italie, en Espagne voir en France, on ne va pas parler de la pluie et du beau temps avec son voisin. Ce n’est juste pas dans la mentalité » nous explique Yulia.
Datcha : Un jardin et une maison secondaire
Nous somme assez époustouflé par la beauté des jardins. Aucune datcha ne se ressemble et chaque habitant redouble d’ingéniosité pour se démarquer. « Pour les retraités, c’est une véritable activité, souligne Yulya. Avec le bricolage, des idées de maison et de jardin parfois très originales ! ( voire excentrique ) ». Aujourd’hui encore, beaucoup de Biélorusses, notamment les anciens, cultivent leurs potagers pour subvenir à leurs besoins. Dans une des allées, un » datchaki « tond son gazon. On nous raconte qu’il est de stricte tradition que d’entretenir sa pelouse et son jardin pour qu’il n’y ait pas de mauvaises herbes, sinon c’est la honte devant les voisins.
Une maison de campagne construite de ses mains
La datcha où séjourne la famille est de brique avec un revêtement de bois. Elle n’est pas encore terminé. Uladzimir l’a construit progressivement avec son père. L’habitation comporte un étage, avec des équipements sommaire. Mais assez pour vivre bien. À l’étage, se trouve une chambre à coucher juste sous le toit. Il y a même un sofa pour les invités de passage. On y trouve un poêle, ainsi que la réserve de bois pour l’hiver. Dans un recoin, s’entassent les conserves de fruits et une goutte faite maison.
Dans les armoires, deux épaisses fourrures de lapin attendent de reprendre du service l’hiver prochain. La maman d’Uladzimir me propose de l’enfiler. Je dois dire que la simple idée de revêtir une peau de lapin, me fend le coeur. Mais pour le coup on n’est pas de la fourrure de convenance pour poules de luxe. Il s’agit de résister à des hivers à 40 degrés. Je ne fais pas ma chochotte et je m’exécute. Ce jour restera celui où j’ai essayé un manteau de fourrure par 36 degrés au soleil. C’est pas banal !
On a cuisiné des spécialités biélorusses !
La recette du Bortsch et des varenykys
Dans la maison voisine, un datchaki prépare ses « shashlykis» , le barbecue dont raffolent les jeunes. Nos hôtes nous propose de découvrir la recette de spécialité biélorusse. Au menu, un « bortsch », un classique des pays de l’Est, bouillon de légume à base de betterave rouge et des «varenykys». Ces dernières sont des ravioles que l’on farcit, avant de les plonger dans l’eau bouillante. Une spécialité que l’on retrouve également en Ukraine, ainsi qu’en Pologne, sous le nom de «pierogi» ou en russie sous le nom de Pelmeni. Certains biélorusses ont aussi l’habitude de cuisiner des dranikis, les fameuses galettes de pomme de terre ou le babka, un gâteau que l’on retrouve aussi en Pologne.
Laznia, l’équivalent de la Banya russe
Pas de toilettes en vue, ni de salle de bain ! Il y a une cabane au fond du jardin… Du reste il y a la » laznia « ( » banya « en russe), ce bain traditionnel dont la plupart des datchas sont généralement dotées. Uzladimir a décidé de construire la Laznia, juste à coté de la maison. Il pourra accueillir une chambre pour les invités. « À l’origine, dans les villages, la laznia était le moyen de se mettre au propre », souligne Yuliya. Mais aujourd’hui, elle est aussi comme un espace de socialisation. On y parle, on y boit, on y mange. L’esprit se rapproche du sauna scandinave ou du Banya russe. « Mais contrairement au sauna finlandais, la » laznia « procure une vapeur humide » un peu comme un hamam. Aujourd’hui, il existe même des saunas publics et les championnats de sauna sportif ont lieu chaque année.
La différence avec les saunas finlandais
« La coutume veut aussi qu’on se fouette le corps avec des branches de bouleau, après cela on prend une douche froide. On peut le faire aussi en hiver, souvent après avoir fait du ski, et après le » banya « sauter directement dans la neige », nous explique-t-on encore. Alors on se l’ai dit, après le sauna finlandais, un jour on reviendra en hiver en Biélorussie (malgré les lourdes formalités !) pour faire vraiment comme les vrais !
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