Où voir les fresques et murs d’Irlande du Nord ?
Les fresques ou peintures murales (murals en anglais) sont devenues une attraction touristique internationale. Elles sont le témoignage des “Troubles” qui ont meurtri l’Irlande du Nord de 1969 à 1998.
On vous conseille vivement d’en faire le tour, pour comprendre l’histoire conflictuelle du pays, symbolisé par le “Bloody sunday”, la présence d’un mur à Belfast et les tensions entre communautés.
Les murals, symbole du conflit-nord irlandais
Les fresques murales et le mur de Belfast sont le reflet d’ une période de tensions extrêmes en Irlande du Nord entre 1969 et 1998.
Cette période qu’on désigne comme “Les Troubles” opposent partisans d’une seule Irlande, républicaine, aux partisans “unionistes” ou “loyalistes”, fidèle à la couronne britannique.
Une lutte entre communautés catholiques et protestantes
Les premiers sont majoritairement constitués de catholiques et les seconds, descendant des colombs britanniques de protestantes.
Pour cette raison, le conflit Nord Irlandais a souvent été décrit comme un conflit religieux.
Mais nous vous invitons à lire notre interview dans la section reportage qui explique plus amplement la complexité du conflit Nord-Irlandais.
Des quartiers distincts selon les villes
Il s’agit à l’origine d’une lutte pour les droits civiques de la part des irlandais catholiques longtemps discriminés. Celle-ci vit dans les quartiers les plus pauvres des villes et n’a pas accès au droit de vote ni à la propriété.
Le conflit a dégénéré en conflit communautaire avec l’escalade de violence entre des groupes paramilitaires, les attentats sur des civiles perpétré par l’IRA ou l’UVF, et la gestion chaotique de la crise par gouvernement britannique, à l’image du Bloody sunday (voir encadré plus bas).
Les fresques murales dans les quartiers de Belfast
À Belfast, la capitale nord-irlandaise, il existe des fresques dans le centre-ville qui véhiculent des messages pacifiques, dénué de toute politique. On ne peut pas en vouloir à la ville, par ailleurs très jolie, de vouloir redoré son image ternie par la période des troubles.
West Belfast et Shankill road
Les fresques plus engagées se trouvent en périphérie du centre dans les quartiers irlandais de West Belfast et autour du quartier loyalistes de Sankill road. La précarité y est très présente aussi bien dans les bastions républicains qu’unioniste.
Un mur dans la capitale d’Irlande du Nord pour préserver la paix
Témoignage des troubles passé, un mur sépare les quartiers catholiques des quartiers protestants de la ville pour limiter ainsi les violences entre ces deux communautés. Vous pouvez le trouver vers Horward street.
Dans cette zone ont eu lieu de vifs affrontements pendant la période des troubles d’Irlande du Nord. Ce la renvoie au mur de Berlin ou de Nicosie et bien que cela fasse froid dans le dos, les incidents sont de plus en plus rares. Une zone de passage est ouverte pendant la journée pour permettre la circulation.
Du street-art pour la réconciliation
Par endroit, de jeunes graffeurs de chaque communauté oeuvrent régulièrement ensemble pour repeindre les murs avec des messages d’espoir cette ouvrage. Il est d’ailleurs appelé aujourd’hui mur de la paix.
Où se trouve le mur international de Belfast ?
De Falls road (quartier nationaliste) à Shankill road (quartier loyaliste) les liens avec des causes internationales s’expriment sur le Mur international de Belfast.
Du côté nationaliste, cette solidarité s’exprime avec le Pays Basque, la Nouvelle Calédonie, Cuba, la Palestine.En réponse, les loyalistes signent des fresques à l’effigie d’Israël.
Visiter les murals en Black Taxi à Belfast
Vous pouvez visiter les murales de manière originale dans la capitale d’Irlande du Nord, à bord d’un black Taxi. Ils ont longtemps été le seul moyen de transport des habitants de West Belfast pendant les Troubles (le transport public en bus ayant été supprimé).
Beaucoup de chauffeurs se sont reconvertis en guides touristiques pour expliquer le conflit, lors duquel beaucoup d’entre eux étaient en première ligne.
Les peintures murales de Derry – Londonderry
On parle souvent des fresques de Belfast, mais une autre ville en concentre davantage. Les Républicains l’appellent Derry tandis que les Unionistes utilisent plus volontiers Londonderry, pour marquer leur différence et rappeler l’attachement à la Grande-Bretagne.
Cette ville a concentré une part extrême des tensions pendant les troubles en Irlande du Nord. Historiquement elle est connue pour le siège de la ville par Guillaume d’orange en 1689 et les événements tragiques du Bloody Sunday en 1972.
La ville occupe les deux rives de la rivière Foyle qui séparait déjà les communautés catholiques et protestantes pendant les troubles.
Les fresques du Bogside dans le quartier catholique
Le quartier du Bogside est situé à l’extérieur des remparts sur la rive est de la rivière Foyle. C’est un quartier ouvrier nationaliste et républicain irlandais.
Ce quartier populaire a vu émerger le mouvement pour les droits civils de la communauté irlandaise catholique en Irlande du Nord, à la fin des années soixante.
C’est aussi ici qu’a eu lieu le Bloody Sunday. Les populations qui y vivent encore aujourd’hui sont encore davantage en proie au chômage et à la précarité que dans le reste de la ville.
Le Bloody sunday de U2
Dès la fin des années 60, un vaste mouvement pour les droits civils commence. Lors d’une marche pacifique organisée le 30 janvier 1972, l’armée britannique ouvre le feu sur des civils non armés, faisant 14 victimes dans le quartier du Bogside. Cet épisode tragique et médiatisé dans le monde entier fut ensuite évoqué par le célèbre groupe irlandais U2 dans sa chanson Bloody sunday (Dimanche sanglant).
“You are now entering in Free Derry”
À l’entrée du Bogside, on trouve le vestige du mur portant la mention : « You are now entering in Free Derry » (Vous entrez maintenant dans le Derry libre). Cette fresque murale a été créée après la bataille du Bogside en 1969 (9 morts, 700 blessés).
Lors de cette épisode des “troubles” les manifestants avaient dressé des barricades autour du Bogside, proclamant une zone de non-droit pour la police. L’armée britannique s’y est ensuite déployée.
Le quartier du Bogside compte d’innombrables fresques “officielles” et d’autres ou plus clandestines, rappelant à la lutte armée.
Qui a peint les murals de Derry ?
Dans les années 1990, un groupe d’artistes indépendant de Derry a créé les peintures murales dans le quartier républicain du Bogside. Elles reflètent la lutte pour les droits civils de la part des populations irlandaises catholiques, le souvenir des héros républicains, l’aspiration à l’unité irlandaise et commémorent les victimes des troubles en Irlande du Nord.
D’autres encore son tournées un avenir pacifié. Au sein des quartiers républicains et loyalistes également, les nouvelles fresques véhiculent des signaux d’apaisement tournés vers l’avenir.
L’IRA, une organisation armée en sommeil ?
Les peintures murales sont utilisées par les Républicains comme moyen de communication et de revendication. Certaines sont plus virulentes ou plus clandestines et incitent à reprendre la lutte armée. L’IRA (Irish républican army) a officiellement déposé les armes en 2005, mais des groupes dissidents se sont créés.
Les fresques du quartier protestant de Fountain
Dans ce quartier, fief des loyalistes, l’extrémité des trottoirs et la base des lampadaires sont peints de bleu, rouge et blanc et le drapeau de l’Union Jack (Royaume-Uni) flotte dans les airs.
En réalité, les premières fresques d’Irlande du Nord furent réalisées par les loyalistes, en signe de protestation contre la Home Rule (XXe siècle) qui envisageait un projet d’autonomie de l’Irlande vis à vis de la Grande-Bretagne.
« Londonderry west bank loyalists still under siege. No Surrender » (La rive ouest de Londonderry demeure assiégée. Pas de capitulation).
Du côté unioniste, les peintures murales sont axées sur les symboles traditionnels unionistes.
Des symboles traditionnels unionistes
Le siège de Londonderry (1688), les batailles de la Boyne (1690) et de la Somme (1916), les silhouettes des hommes de l’Ulster Volunteer Force (UVF), groupe paramilitaire loyaliste d’Irlande du Nord ou encore des « Apprentices Boys of Derry » , confrérie protestante qui commémore chaque année le siège de Derry.
Les parades orangiste qu’ils organisent chaque été furent à l’origine de la bataille de Bogside en 1969 et ravivent les tensions chaque année.
Les remparts de Derry – Londonderry
Les remparts de la ville séparent le quartier Fountains de la rue Bishop, au centre de Derry. Un autre mur comme à Belfast érigé depuis l’une des portes de la cité isole encore davantage le quartier unioniste.
Mais depuis 2011, dans le cadre du processus de paix, un passage a été creusé dans ce mur, appelé « mur de la paix », comme celui de Belfast.
Il permet la circulation entre les deux secteurs mais reste fermé dès 20h. Dans ce secteur, des projets intercommunautaires et touristiques visent à renforcer les liens entre les deux communautés.
Le "Derry Girls" tour
La série Derry girl, diffusé sur Netflix traite avec humour les histoires adolescentes sur fond de conflit nord-irlandais. La Ville de Derry propose de découvrir les lieux du tournage à travers un “Derry girls tour” en parcourant Dennis’s Wee Shop, Pump Street et autres rues de la série.
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